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27 janvier 2013 7 27 /01 /janvier /2013 00:04

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je marchais dans Montmartre

quand les premiers flocons se firent sentir.

Mon esprit tel que le ciel de janvier

semble empreint d’innombrables couleurs.

Un camaïeux de gris virant jusqu’à un blanc profond

m’empêchant presque de réfléchir.

Le froid de la glace qui se transforme

au contact de mon corps chaud

suffit à me rappeler que je suis vivant.

Je marche sans but,

sans destination.

Je savoure le paysage de cette ville grise

qui se couvre peu à peu de blanc.

Comme une mariée quelques heures avant la sentence,

la neige se fait timide.

Elle tombe sans un bruit.

Montmartre semble presque respectueux

de ce cadeau du ciel

et plus un son ne se fait entendre.

J’écoute les flocons tomber

et le bruit de mes pas s’enfonçant dans le sol.

 

 

 

 

 

 

 

Ma marche dure depuis plusieurs heures,

je suppose,

car j’ai de la neige jusqu’aux genoux à présent.

Les larmes sur mes joues coulent

au rythme des pétales de glace.

Au départ je tournais en rond pour jouir

uniquement de ce quartier qui a été le mien

pendant tant d’années,

mais à présent je déambule bien loin

de ce qui m’est cher.

Je passe prés de l’Opéra,

je glisse le long du canal st Martin,

je caresse des yeux les halls de gare,

d’un bout à l’autre de Paris,

mes pieds me portent.

Mon absence de sensation m’anesthésie contre le froid,

m’anesthésie contre la fatigue et contre

toutes les douleurs arrogantes qui se plantent devant moi.

Je suis mon chemin tant qu’il y a un trottoir

pour me recevoir,

je trace ma route tant qu’on ne me retient pas.

 

 

 

 

 

 

 

Je suis parti si précipitamment

que je ne porte pas de veste.

Mais j’ai chaud,

chaud au cœur.

Mes larmes de rage et de colère

me réchauffent.

Ma passion dévorante me brûle

de l’intérieur.

Si j’avais encore des sensations

je dirais même que je suis en train de suer.

Mais je ne peux en être sur

tant que je me sens éloigné de ce corps

qui était,

jadis,

le mien.

A présent plus rien n’a d’importance à mes yeux,

je ne vois plus clair,

tout me semble embué et teinté de larmes.

Tout me semble différent

depuis que tu n’es plus là.

 

 

 

 

 

 

 

Voilà bien quelques heures que je déambule ainsi,

je le devine au jour qui se lève sur Montmartre.

Je ferme la boucle de mon voyage parisien

en rentrant une dernière fois dans notre appartement.

Je me remémore ce jour si joyeux où l'on a signé la vente,

les crises de rire à le décorer,

les premiers pas de nos enfants sur ce parquet luisant,

les diners en famille dans ce salon

et les câlins sur ce canapé.

Je joue avec mes clichés de souvenir

qui défilent dans ma tête endolorie.

Je zappe d’une diapo à une autre

et me surprend à sourire

face à une cette si délicieuse période de ma vie.

Je rembobine encore et te revois avec tes cheveux longs,

tes pantalons colorés et tes sabots.

Ton chapeau de paille fleuri,

tes yeux pétillants de bonheur quand tu me regardais,

ta voix si douce quand tu chantais

que l’on ne se quitterait jamais.

 

 

 

 

 

 

 

J'explore l’appartement vide

comme si c’était le corps d’une femme

à qui je ferais l’amour.

Je prends le temps de visiter chaque pièce

et d’en caresser les murs

comme pour garder chaque cellule de souvenirs

emprisonnée dans mon geste,

comme pour retenir tous ces moments

qui m’échappent.

Je termine dans la cuisine

où git sur la table,

que nous avions choisi ensemble,

cette page qui représente tant.

Ce papier que tu me demandes de signer

afin que je te redonne ta liberté,

afin que j’accepte que tu sorte de ma vie.

Jamais on ne pourra sortir de la vie de l’autre,

on s’est construit ensemble,

on s’est allié et les poussières de notre amour

ont donné vie à nos enfants.

Aujourd’hui tu les balayes,

 effrayée comme une asthmatique,

sans vérifier les fragments d’or qui se mélangent au reste.

Je suppose qu’un retour en arrière est impossible

et que je n’ai qu’à m’en remettre et

mélanger de nouvelles saveurs avec une autre.

Un coup de balai est si vite passé,

un coup de foudre est si dévastateur.

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 


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